top of page

Un jour sans fin, S5 E2.

L’appel de celui qui a « pardonné à son accusatrice » qu’il a violée et violentée.

Après avoir fait appel, Eric S. est à nouveau jugé pour agression sexuelle et violences sur son ex-compagne le mardi 25 février 2020 de 9 h à 12 h à la cour correctionnelle de Nîmes. Lors du premier procès il a été déclaré coupable et a été condamné. Mais étant sous de lourds médicaments il a souhaité être jugé une nouvelle fois sous de meilleures conditions physiques.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

 

L’audience commence par la prise de parole de la présidente qui rappelle les faits ainsi que ce qui a été dit durant le procès. L’accusé et la victime, Nathalie B, ont été ensemble de 2007 à 2016, leur séparation est due à la jalousie et l’alcoolisme d’Eric. Pour autant, Nathalie a tenu à aider son ex-compagnon, qui était dans une mauvaise passe financièrement comme émotionnellement. Mais tout change le 6 mars 2018, après une grosse dispute entre les deux ex-conjoints due à la jalousie d’Eric. Durant les 3 jours qui suivent, il va la harceler, il y aura plus de 240 appels entre le 8 et le 9 mars, dont 194 rien que durant cette dernière journée. Les collègues de travail de Nathalie, qui est infirmière, la décrivent comme déchirée, elle se sent obligée de répondre à chacun des appels par peur qu’il sature la ligne du service pour lequel elle travaille. Lors de leurs échanges, il lui demande incessamment des photographies à caractère sexuel, ce qu’elle fera, pensant que cela le calmerait enfin. Mais malheureusement, il n’en reste pas là. Vers 19h, alors que Nathalie rentre enfin chez elle, il sonne à l’interphone, il avait été alcoolisé, elle refuse tout d’abord de le faire entrer, mais l’homme menace de se déshabiller et de se masturber devant tous les voisins si elle ne s’exécute pas. Alors, la femme finit par céder et lui ouvre. C’est là que le vrai cauchemar commence. Quand il arrive, il lui prend la tête en lui tirant les cheveux, et l’oblige à lui faire une fellation, ensuite, il la prend par le bras et les cheveux et la traîne jusqu’à la chambre, là, il la viole en la contraignant à des rapports anaux et vaginaux tout en lui portant des coups violents. Tout à coup, elle hurle « au secours », pris par surprise, il se retire. Elle en profite alors pour s’enfermer dans la salle de bain, où elle appelle les gendarmes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


​

​

​

​

 


 

 

​

​

​

​

​

 

 

La présidente garde la parole afin d'énumèrer les diverses constatations faites par les gendarmes, mais également par les experts médicaux. Les forces de l’ordre ont retrouvé au domicile de la femme, des touffes de cheveux dans la cuisine ainsi que des taches de sang dans la chambre et la salle de bain. D’après le gynécologue, Nathalie présente des lésions anales, vaginales et vulvaires ainsi qu’une fissure anale. Psychologiquement, elle ne présente aucun trouble, ses propos sont cohérents, et elle ne souffre pas de mythomanie. L’accusé quant à lui, ne semble pas non plus souffrir de pathologie spécifique mais le psychologue admettra qu’il a une tendance borderline et un narcissisme défaillant.

​

L’accusé prend alors la parole : il commence par s’excuser, reconnaît qu’il aurait dû arrêter quand elle a commencé à lui dire non, mais déclare qu’elle était bien consentante au moment de la fellation, ainsi qu’au départ pour l’acte sexuel. « Elle m’a proposé de me faire à manger, je lui ai répondu que je préférais faire l’amour et je lui ai demandé une fellation, elle a accepté, elle était consentante ». L’homme affirme également qu’il était toujours en couple avec elle, qu’il ne comprenait pas pourquoi elle mentait de la sorte. Chose que ses proches, comme ceux de la victime, contesteront. Il dira des touffes de cheveux retrouvées sur le sol que Nathalie perdait ses cheveux, et pour les lésions qu’elle souffrait de sécheresses vaginales dues à sa ménopause. Sa famille et son ex-femme le décrivent comme un homme gentil et protecteur, mais qu'ils savaient très bien que cela faisait maintenant deux ans qu’ils n’étaient plus ensemble. Il ajouteront que Nathalie elle est décrite par tous comme une femme très, voire trop, gentille, douce et discrète, l’ex-femme de l’accusé ainsi que son fils ajouteront qu’elle ne supportait pas quand il buvait, même un seul verre. Il reconnaîtra également qu’elle lui a été d’une grande aide et que ses actes ont été réalisés à cause de la jalousie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​

​

​

​

​

​

​

​

 


 

 

 

 

 

 

 

Quand la victime se lève, c'est une femme qui semble effondrée qui apparaît. Elle est amaigrie, elle flotte dans son pantalon. Elle commence alors à parler, à répéter péniblement le témoignage déjà lu par la présidente. Elle parle tout bas, comme si elle n’osait pas, elle regrette certains de ses actes, comme la photographie, regrette de ne pas s’être enfuie. Elle semble culpabiliser, d’avoir fait autant pour cet homme, mais elle ne voulait pas le laisser tomber, le laisser sombrer dans l’alcoolisme. En bref, elle correspond au portrait type des personnes ayant subies ce genre de violences. 

​

Pour l’avocate de la victime, il n’y a pas de doute, sa cliente est une victime d’un homme qui l’a tout d’abord attendrie par son enfance et son parcours difficile et qui se servait de ce passé, en partie, pour justifier son acte. Et pourtant, pour les proches de Nathalie et notamment ses enfants, « c’était prévisible ». Eric S. possède pour elle deux faces tel « Docteur Jekyll et Mister Hyde ». Elle rappelle également ce qu’il avait dit lors de la première audience en 2018: « Si je suis là c’est de sa faute » et surtout « Je pardonne à mon accusatrice », des paroles marquantes et jugées provocantes car si aujourd’hui la victime a accepté d’être là, c’est pour entendre des excuses et de véritables aveux de son agresseur. Or, elle n’aura rien de tout cela. Pour justifier les actions de sa cliente, l’avocate rappelle le poids psychologique qu’elle a subi, cet harcèlement incessant et demande de l’empathie de la part des juges.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


​

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour l’avocat général il n’y a pas de doutes, il est coupable et avait même préparé son coup. Ce jour-là il n’avait pas de caleçon, c'est un violeur. Il lui rappellera que ce n’est pas lui la victime mais bien Nathalie, qui encore une fois est humiliée, car l’avocat de l’accusé a qualifié son comportement d’ambiguë face à son client, or pour lui il n’en est rien. Il énoncera à nouveau, toutes les lésions qu’elle a subies, la fissure anale, les bleus sur son corps qui prouvent pour lui la violence de l’acte  « ce sont les stigmates d’une relation qui a fait mal et qui a provoqué de la souffrance ». D'après lui, la cour constitutionnelle d'Avignon n'avait fait aucune erreur en le déclarant coupable, car c'est ce qu'il est.

​

Mais l’avocat de l’accusé défend son client, en rappelant le casier vierge de ce dernier à son âge déjà mûr, qu’il n’a finalement été violent qu’une seule fois et à cause de l’alcool. Dans tous les cas, la victime devrait le connaître au bout d’une dizaine d’années de relation. Lui aussi demande de l’empathie pour son client, qui dans son état et au vu des propos ambigus de Nathalie, pouvait en parti, justifier son acte. Il dit : « Il n’était pas là pour lui faire du mal, bien qu’il ne fût pas là pour lui faire du bien non plus, il était là pour se faire du bien à lui ». D’après ses propos, personne n’a réellement tort, ni raison, ils ont simplement vécu la chose différemment, comme elle se forçait, l’accusé pensait qu’elle était donc consentante. L’accusé ne souhaitera rien ajouter de plus.

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

​

 

 

 

 

 

 

 

 

Après quelques minutes de délibération, la sentence tombe : Eris S. est coupable pour le jury. Tous les actes sexuels subis n’étaient pas consentis, le viol est donc déclaré. Il devra donc écoper d’une peine de 6 années de prison ferme, 5 ans d’inéligibilité après sa peine, d’un suivi socio-judiciaire ainsi que d'une lourde amende.

​

L’avocat général en charge de l’affaire a dit une phrase qui m'a particulièrement marquée : « les auteurs de viols, on n’en fait plus seulement des criminels, mais des auteurs de crime à faire tomber, à abattre ». Si seulement tous les violeurs étaient jugés comme l'a été Eric S. De pareilles actes ne sont certainement pas à banaliser, car il ne faut pas oublier qu'ils détruisent des personnes et même des vies entières. Les bleus et les cicatrices du corps s'estompent avec le temps, mais les marques que laisse ce type de violence dans l'esprit des victimes, sont quant à elles, indélébiles.
 

Accus%25C3%25A9_edited_edited.jpg
La juge .jpeg

La Présidente

Victime_edited.jpg
Avocat Général 2.jpeg
Configuration_2ème_Chambre.jpeg

Dessin by Nina

Dessin by Nina

Dessin by Nina

Dessin by Nina

Dessin by Nina

Estrela

bottom of page