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PAS DE PRESSION, S7 E17

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Monsieur X

Dessin by Déborah

En ce 26 février, nous assistons à un procès quelque peu déroutant. Nous avons, une nouvelle fois, un procès pour violences conjugales. L’objet de l’accusation ? Monsieur X a donné un coup de pied à Madame Y : est-ce donc un coup de pied volontaire ou une réaction de colère ? Nous serions nombreux.ses à dire qu’il est simple de prendre la colère comme excuse pour violence. Or, ne devrait-on pas s’intéresser également au contexte psychologique ? Nous avons ici une réaction à chaud. En effet, Monsieur X avait un enfant et ce dernier est décédé d’un accident de ski alors qu’il n’avait que 4 ans. Il était, au moment des faits, en train de regarder ses photos, et sa femme est arrivée : éclata alors une grosse dispute menant à un coup de pied de la part de Monsieur X. Nous avons donc là un véritable problème puisqu’il s’agit d’un débordement suite à un sentiment de culpabilité profonde de la mort d’un enfant. Au moment des faits, Monsieur X était pris en charge, il avait un suivi, était sous anti-dépresseurs et sous somnifères. Ce dernier se sent coupable de la mort de son fils et dit avoir « le sentiment d’un gâchis pour l’avenir ». Il explique au juge qu’il ne veut pas rester avec ses enfants pensant gâcher leurs vies et pensant être une mauvaise personne pour eux et pour les éduquer. Mais quels sont les éléments qui décident si nous sommes une bonne ou une mauvaise personne ? Qu’est-ce qui nous rendrait légitimes ou non d’éduquer un enfant ? Jusqu’où la souffrance d’un être perdu détruit-elle ? C’est sur ces questions que le juge s'est penché. Il s'est particulièrement concentré sur ces questions si importantes tant pour l'affaire que pour l'avenir de l'accusé.


Après ces diverses explications la juge prend la parole. Elle explique ce sentiment de « souffrance indéniable » du père, qu’il y a des « portes de sorties et qu’il y a des choses qui peuvent surprendre dans la vie, de très grands bonheurs ». Elle a également cherché à lui faire prendre conscience de ses actes en lui déclarant: « Vous vous punissez de ce qui s’est passé mais vous vous rendez compte que vous détruisez tout autour de vous ? C’est de l’auto-destruction assumé Monsieur. »


S’en est suivi un calme absolu où chacun cherchait à comprendre la douleur et la tristesse de cet homme. Un réquisitoire fut prononcé : souffrance non acceptée, problème de discernement, violence dans un contexte particulier. La peine tombe alors : 1000€ d’amende avec sursis. C’est, comme l’a indiqué le juge, « une peine symbolique qui cherche surtout à faire prendre conscience et à changer pour un avenir plus serein ».
Aujourd’hui Monsieur X et Madame Y sont en instance de divorce et cherchent à vendre leur ancien logement. Madame Y a déclaré être « dévastée » et tente donc de se reconstruire personnellement. Concernant Monsieur X, il vit chez ses parents et est suivi psychologiquement. Il cherche à battre cette dépression et à se remettre de ce décès et de cette culpabilité qui l’empêche de vivre sereinement. Nous avons eu là une affaire touchante et forte à la fois: tant par son accusation que par le contexte dans lequel nous nous trouvons. Il est important de prendre soin de soi et de se faire suivre psychologiquement après un tel désastre. Tant pour une reconstruction personnelle que pour ne pas détruire la vie de ceux qui restent. 

Aurore.

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