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L'île aux ordures, S6 E17

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Durant une audience du mercredi 12 février 2020, un homme accusé de violences conjugales sur sa compagne, faits datant du 10 octobre 2019, refuse son droit à un avocat et prend sa propre défense.

 


Madame la juge commence l’audience avec un rappel des faits. Le 10 octobre 2019, la femme de Monsieur X appelle la gendarmerie pour demander de l’aide, elle hurle : « Venez, venez », mais l’homme lui prend le téléphone des mains et raccroche aussitôt. Seulement 15 minutes plus tard, elle se présente au commissariat pour déposer plainte. Elle explique aux policiers que ce n’est pas la première fois qu’elle subit des violences mais que c’est la première fois que c’est aussi violent : « D’habitude, il me met des petites claques derrière la tête ». Elle décide alors d’aller passer la nuit chez une amie avec ses enfants mais lorsqu’elle revient chez elle, son mari l’enferme à l’intérieur et l’empêche de sortir. Le père de Monsieur X arrive, la femme essaie alors de sortir de chez elle par tous les moyens mais il l’en empêche. Elle tente à plusieurs reprises de sortir par la fenêtre mais Monsieur X l’attrape par les cheveux et la jette sur le canapé. Il lui met alors plusieurs coups de poing dans le ventre, dans les côtes et la maintient au sol devant les enfants apeurés. Leur fille demande à son grand-père de ne pas partir mais ce dernier dit à Monsieur X que sa femme est devenue folle. La femme parvient finalement à s’échapper avec ses enfants. Elle les dépose chez la voisine et court sur la voie ferrée en essayant d’appeler la police, son mari l’a rattrape, lui met une balayette, prend son téléphone et le jette au sol pour le casser.


Une fois les faits rappelés, Madame la juge regarde l’accusé et lui demande de se défendre, puisqu’il refuse son droit à un avocat. Il lui explique brièvement sa version des faits : qu’il n’est pas un homme violent mais que sa femme est devenue hystérique et se tapait la tête toute seule contre la vitre et les murs de la maison, d’où ses nombreuses blessures qui lui ont valu 1 jour d’ITT. Il déclare alors qu’il ne « sait pas pourquoi [s]a femme a dit qu’[il] l’a frappait, c’est de la sorcellerie » et il demande à Madame la juge de dire «à [s]a femme de se calmer et que tout redeviendra normal». A la fin du plaidoyer de Monsieur X, Madame la juge, ne croyant pas un mot de ce que vient de lui raconter l’accusé, lui demande, incrédule : « Donc vous dites que votre femme s’est cognée toute seule. C’est bizarre mais ce tribunal est rempli de femmes qui se tapent la tête contre la vitre et tombent dans les escaliers ». Monsieur X n’en démord pas et répète qu’il n’est pas un homme violent et qu’il connaît la date d’anniversaire de ses enfants, faits n’ayant absolument aucun rapport. L’anniversaire de son fils est d’ailleurs dans 3 jours, mais passons. Il essaie coûte que coûte de noyer le poisson en parlant de son entreprise et de ses enfants. L’homme déclare ensuite, d’un air fier : « Je suis un homme et c’est ma femme ». Madame la juge, outrée, lui répond d’une voix forte qu’il n’a aucun droit sur sa femme et lui réplique d’un ton ironique : « Pas de chance pour vous, aujourd’hui c’est une femme qui vous juge. Les hommes n’ont vraiment plus de chance dans cette société ».


Lorsque Monsieur X n’a plus rien à ajouter, Madame la juge passe en revue son casier judiciaire, casier comportant 13 condamnations. Monsieur le procureur se lève et explique être « outré du comportement de Monsieur X qui essaye de minimiser [les faits]». Il propose un jugement de 4 mois d’emprisonnement avec sursis. Après délibération, Madame la juge condamne Monsieur X à 3 mois avec sursis et lui réplique : « Vous savez bien ce que c’est, vous, un sursis... ».


Si après avoir assisté à ce jugement, la condamnation peut, à raison, sembler injuste, Madame la juge a néanmoins fait tout son possible pour venir en aide à la victime, en lui demandant plusieurs fois si elle souhaitait se constituer partie civile. Cette dernière refusant à chaque fois, Madame la juge a dû se résoudre à condamner Monsieur X à partir des faits évoqués par les policiers.

 

Ainsi, cette audience nous a permis d'avoir une meilleure idée du traitement judiciaire des violences conjugales, violences encore trop nombreuses en France. Alors qu’en 2019, en France, 151 féminicides ont été recensés, il est nécessaire de se questionner sur le système judiciaire mis en place, et notamment sur son efficacité. Si aujourd’hui cet homme est condamné à seulement 3 mois d’emprisonnement avec sursis, cela n’est pas une punition qui l’empêchera de recommencer pour se voir attribuer une peine dérisoire. Il est nécessaire de rappeler que les violences conjugales ne sont pas que physiques, elles sont également psychologiques. C’est pour cette raison qu’il est important d’exiger des peines plus lourdes afin que les bourreaux arrêtent de violenter et d'assassiner les femmes sans aucune peur des représailles. Aujourd’hui, en France, le système judiciaire connaît un jugement sévère de la part des femmes et, à raison, puisque certaines institutions censées les protéger s’appliquent à faire tout l’inverse. Si les nombreuses violences envers les femmes commencent à être médiatisées, cela doit continuer afin d’acquérir une justice plus juste et une protection des victimes beaucoup plus efficace. Il est important de rappeler que les violences conjugales ne touchent malheureusement pas que les victimes, mais également les témoins, comme les enfants. 
 

Les médias s’entêtent à nous parler de féminisme, nous vous parlons d’humanisme.

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Ainsi de cet humanisme et dans l’objectif de prévenir et sensibiliser sur le sujet des violences reçues, l’Université de Nîmes a choisi d’agir. Ainsi, du 23 au 27 mars 2020, dans le cadre de la Semaine du « Mieux vivre ensemble », plusieurs associations étudiantes feront découvrir chaque jour un type de violence particulière autour de stands et jeux ludiques, de conférences ainsi que de projets artistiques. Sous réserve de modifications, nous vous présentons, en exclusivité, le déroulé de cette semaine.

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  • Le lundi 23 mars sera voué à exposer les violences liées à la sexualité, avec un loto des stéréotypes de 12h à 14h et un affichage de témoignages dans les trois sites d’Unîmes qui seront disponibles toute la semaine.

  • Le mardi 24 mars a été désigné la journée contre les violences conjugales, à travers l’exposition du projet artistique 151 de Léa Royer dans la cour Vauban de 9h à 16h, et une conférence organisée par l’association AES sur les violences conjugales.

  • Le mercredi 25 mars se consacrera à lutter contre les violences racistes grâce à de multiples stands proposant différents plats issus de cultures différentes de 11h30 à 13h dans la cour Vauban.

  • Le Jeudi 26 mars sera dédié à la lutte contre le cyberharcèlement, au programme, jeux ludiques et conférence, organisés par l’association des Psycrocos.

  • Enfin, le Vendredi 27 mars aura pour but de lutter contre les violences dans les lieux publics. Pour cela, seront proposés un projet artistique de Jade Dalmas sur le harcèlement de rue, la diffusion, pendant la pause méridienne, d’un court métrage « ça court (pas) les rues » de Sarah Gallot, et un loto des violences dans les lieux publics.

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Les organisateur.e.s de cet événement vous attendent avec impatience. 

Océane et Zoé.

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